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L'expérience des élèves

Mis à part ceux qui ont payé le prix le plus élevé, leur vie, de nombreux élèves ont subi des traumatismes qui allaient les suivre toute leur vie, et qui ont également été transmis à leurs enfants et petits-enfants.
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  • Genocide

Mis à part ceux qui ont payé le prix le plus élevé, leur vie, de nombreux élèves ont subi des traumatismes qui allaient les suivre toute leur vie, et qui ont également été transmis à leurs enfants et petits-enfants. Les psychologues parlent d'un traumatisme intergénérationnel. Pour la plupart, si ce n'est tous les élèves des pensionnats, ces cicatrices émotives découlaient principalement de la nature des écoles. Le premier choc était d'être forcé de quitter la maison. Garnet Angeconeb est un aîné Anishinaabe de la Première Nation Lac Seul dans le nord de l'Ontario et un survivant du pensionnat autochtone Pelican Lake. Il écrit : « On m'a arraché à ma famille aimante... J'avais peur. J'étais perdu. J'étais seul. Je me sentais trahi. Je me sentais abandonné. » 1

Dès que les enfants étaient enlevés à leurs parents et placés à l'école, le personnel leur interdisait de parler une langue autochtone, la première étape du parcours menant à l'assimilation. Les écoles suivaient les directives des autorités centrales; à titre d'exemple, une directive de la Nouvelle-Écosse indiquait aux enseignants : « Tous les efforts doivent être faits pour persuader les élèves de parler anglais et leur enseigner à comprendre cette langue. Insistez sur l'anglais, même pendant la récréation supervisée. Si vous échouez sur ce point, vous gaspillez vos efforts ». 2

De nombreux enfants ne parlaient aucune autre langue que leur langue maternelle; ils étaient donc confus et sévèrement punis parce qu'ils ne comprenaient pas les consignes du personnel. Parfois, le fait de parler une langue autochtone menait à de sévères châtiments physiques, à l'isolement et à l'humiliation. D'anciens élèves affirment qu'on leur a transpercé la langue avec une aiguille et administré des chocs électriques. 3  Le message était clair et net : les langues autochtones étaient inférieures à l'anglais ou au français et devaient être rejetées.

L'instruction religieuse était également une priorité, et elle était appliquée vigoureusement. L'objectif de plusieurs ordres religieux qui dirigeaient les écoles était de convertir les enfants au christianisme et de remplacer les valeurs et la spiritualité autochtones une fois pour toutes. Dans un effort pour inculquer aux élèves la peur du Dieu chrétien, certains enseignants effrayaient les élèves avec des images des horreurs qui les attendaient s'ils n'adoptaient pas le christianisme. Un étudiant du pensionnat autochtone Kalamak se souvient que la terminologie chrétienne était utilisée pour soumettre les élèves par la peur :

Cette nuit-là, juste avant qu'elle n'éteigne les lumières, Soeur Maura nous a montré à prier à genou avec les mains jointes. Elle nous a parlé des démons. Elle nous a dit qu'ils attendaient avec des chaînes sous notre lit pour nous tirer vers les feux de l'enfer si nous sortions du lit pendant la nuit. Lorsque les lumières s'éteignaient, j'avais peur de bouger et même de respirer. Je savais que les démons viendraient me prendre si je faisais le moindre son. Je restais très tranquille. Quelqu'un pleurait. Longtemps après, j'avais encore peur de me lever pour aller à la toilette. Le matin, mon lit était mouillé et la Sœur supérieure me fouettait. Je devais porter un écriteau... qui disait que je pissais au lit. 4

Une discipline aussi stricte, qui n'était souvent qu'un autre nom pour les abus, ajoutait à l'isolement des élèves après avoir été séparés de leur famille. De nombreux élèves ont parlé d'une enfance sans amour jumelée à l'humiliation et à l'avilissement par le personnel de l'école. La faim, la malnutrition et les aliments répétitifs faisaient partie des plaintes souvent entendues. Un élève se souvient : « J'avais toujours faim... À l'école, c'était du gruau, du gruau et encore du gruau, et si ce n'était pas ça, c'était de l'orge ou des haricots bouillis, et des tranches de pain épaisses avec du lard. Nous passions des semaines sans le goût de la viande ou du poisson. Le sucre, le beurre ou la confiture apparaissait sur les tables les jours de fêtes, et parfois pas du tout... Je pense que j'ai eu faim pendant les sept années où j'ai fréquenté le pensionnat ». 5

Au-delà des souffrances quotidiennes endurées, les pensionnats étaient un terreau fertile pour tous les types d'agressions sadiques, verbales, physiques et sexuelles. Les prêtres, les sœurs et les laïcs mal supervisés utilisaient souvent leur poste de pouvoir pour agresser physiquement et sexuellement les enfants sans défense. 6  Ces expériences ont eu de nombreux effets néfastes sur les élèves qui ont fréquenté ces écoles. Elles continuent de tourmenter les anciens élèves des pensionnats, ainsi que leur famille et leur communauté.

  • 1Discours de Garnet Angeconeb, site Web de la Fondation autochtone de guérison. Voir également Jennifer Morrow, Starting to Talk: A Guide for Communities on Healing and Reconciliation from the Legacy of Indian Residential Schools, Sioux Lookout Anti-Racism Committee, 2.
  • 2Isabelle Knockwood, Out of the Depths: The Experience of Ni’kmaw at the Indian Residential School at Schubenacadie, Nova Scotia. (Lockport, NS: Roseway Publishing, 1992), 47.
  • 3« These schools are our schools », The Economist, 9 octobre 2013.
  • 4Shirley Sterling, My Name is Seepeetza (Toronto: Groundwood, 2008), 19.
  • 5Bridget Moran, Stoney Creek Woman: The Story of Mary John (Vancouver: Arsenal Pulp Press, 1988), 38; voir aussi la biographie de Mary John dans Margaret Freehan, Stories of Healing from the Native Indian Residential Schools Abuse (Thèse de maîtrise, Université de l'Alberta, 1996), 34. Nous avons utilisé la thèse bien documentée de Mme Freehan dans la présente section et dans d'autres sections. Lorsque cela était possible, nous avons cité les textes originaux qu'elle a utilisés.
  • 6Des détails sur ces questions et sur les témoignages des Survivants et des Survivantes sont donnés dans la section « Vérité et réconciliation » plus loin dans ce guide.

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— Claudia Bautista, Santa Monica, Calif