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Bannir la culture autochtone

Le but ultime de la Loi sur les Indiens a toujours été l'assimilation des Peuples Autochtones en tant que nations distinctes dans la société majoritaire du Canada.
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  • Genocide

Cependant, l'objectif du gouvernement allait beaucoup plus loin. Il ne cherchait pas à réorganiser les communautés autochtones de l'intérieur. Il voulait que tous les Peuples Autochtones au Canada « s'émancipent », afin de détruire les nations autochtones en tant que groupes distincts. « Pendant la période où le gouvernement impérial britannique était responsable des Affaires indiennes de 1763 à 1860, écrit John S. Milloy, un éminent historien des pensionnats, les tribus indiennes s'autogouvernaient de facto. » 1  Mais à présent, les choses avaient changé. Déjà en 1857, « un tout nouveau plan avait été établi. Par la suite, l'objectif, la civilisation intégrale de l'Indien, allait être marqué par la disparition de ces communautés à mesure que les individus étaient émancipés et que les réserves s'érodaient, vingt hectares à la fois ». 2  Comme l'a déclaré le premier ministre sir John A. Macdonald en 1887, après le lancement des pensionnats, « L'objectif central de notre loi a été d'en finir avec le système tribal et d'assimiler totalement les Indiens au reste de la population du Dominion aussi rapidement qu'ils peuvent changer. » 3  Cependant, malgré les grandes envolées sur l'émancipation des Indiens, le processus officiel désigné pour assimiler les Peuples Autochtones le plus vite possible, les Autochtones du Canada n'ont pas pu voter avant les années 1960.

  • 1John Milloy, « The Early Indian Acts: Developmental Strategy and Constitutional Change » dans As Long as the Sun Shines and Water Flows, 57.
  • 2À titre d'exemple, le potlatch, un élément essentiel de la culture des Premières Nations du nord-ouest du Pacifique, a été banni de 1884 à 1951.Pour une description classique du potlatch et de son importance au tournant du siècle, voir Franz Boas, « The Potlatch » dans Tom McFeat, éd., Indians of the North Pacific Coast (Toronto: McClelland and Stewart Limited, 1966), 72–80.
  • 3Sessional Papers, vol. 20b, Session of the 6th Parliament of the Dominion of Canada, 1887, 37.

Des hommes célèbrent la danse du soleil, une cérémonie annuelle traditionnellement pratiquée par les Peuples Autochtones de la réserve Blood en Alberta. La modification de la Loi sur les Indiens adoptée en 1885 interdisait la pratique de cette cérémonie.

Credit:
Library and Archives Canada/ (c) Government of Canada

Aujourd'hui, le Canada se targue d'être une société multiculturelle, une « mosaïque ethnique » dans laquelle les gens de différents héritages et origines culturels peuvent vivre ensemble sans perdre leur identité distinctive. Cette vision est souvent opposée à l'idée analogue aux États-Unis où les gens ont toujours parlé d'un « melting pot », une métaphore pour parler du mélange des différentes ethnies et identités religieuses. Toutefois, des critiques suggèrent que les politiques du Canada concernant les Peuples Autochtones à l'intérieur de ses propres frontières contredisent l'idée de protéger les identités distinctes des minorités sous un parapluie national. À proprement parler, le principal enjeu est que les Autochtones au Canada ne sont pas des minorités; ils ont des relations juridiques et historiques distinctes avec la Couronne qui les définissent comme des nations autonomes. Le but ultime de la Loi sur les Indiens a toujours été l'assimilation des Peuples Autochtones en tant que nations distinctes dans la société majoritaire du Canada.

À titre d'exemple, dans le but d'effacer encore plus les croyances, les valeurs et les principes au cœur de l'identité autochtone, la Loi sur les Indiens a supprimé les expressions de la culture autochtone comme les cérémonies traditionnelles, notamment la danse du soleil et plus particulièrement le potlatch. 1  Les Européens considéraient ces cérémonies comme faisant partie d'un monde primitif de superstitions, de mythes et de magie. Ainsi, les missionnaires catholiques et protestants ont cherché à les bannir intégralement. La discrimination contre les cérémonies et les cultures autochtones de façon plus générale a aussi été transmise par la législation. Les cérémonies étaient condamnées parce qu'elles entraient en conflit avec les coutumes commerciales des Européens qui encourageaient la frugalité, l'épargne et un échange exact de biens pour de l'argent. Ce n'est qu'en 1951 qu'une modification apportée à la Loi sur les Indiens a retiré les articles qui restreignaient les coutumes et la culture. Il faut noter que bien que les représentants du gouvernement et les ecclésiastiques interdissent les objets sacrés, les totems, les masques, les calumets et les choses semblables, ils étaient nombreux à les collectionner en privé et les vendaient souvent à prix d'or. 2

  • 1À titre d'exemple, le potlatch, un élément essentiel de la culture des Premières Nations du nord-ouest du Pacifique, a été banni de 1884 à 1951. Pour une description classique du potlatch et de son importance au tournant du siècle, voir Franz Boas, « The Potlatch » dans Tom McFeat, éd., Indians of the North Pacific Coast (Toronto: McClelland and Stewart Limited, 1966), 72–80.
  • 2Stacey Jessiman, « Cultural Heritage Repatriation as a Means of Restorative Justice, Affirmation and Cultural Revival for Aboriginal Peoples in Canada », article présenté à la conférence de l'International Association of Genocide Scholars « Time, Movement, and Space: Genocide Studies and Indigenous Peoples » 16 au 19 juillet 2014, Université de Winnipeg.

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— Claudia Bautista, Santa Monica, Calif