Peut-il y avoir justice sans vérité? | Facing History & Ourselves
Facing History & Ourselves
Reading

Peut-il y avoir justice sans vérité?

Peter Irniq, Survivant des pensionnats autochtones, explique pourquoi il est important de découvrir la vérité sur l’expérience des élèves des pensionnats autochtones.    
Last Updated:
This resource is intended for educators in Canada who are teaching in French. Cette ressource est destinée aux enseignants en Canada qui enseignent en langue Française.

At a Glance

Reading

Language

French — CA
Also available in:
English — CA
  • Culture & Identity
  • Human & Civil Rights

Pour plusieurs Survivantes et Survivants, l'enjeu le plus difficile pour avancer vers la guérison a été de révéler la douleur endurée dans les pensionnats. Pour eux, la réconciliation sans vérité n'était pas possible. Comme le formule Garnet Angeconeb, aîné, Survivant des pensionnats, et journaliste : « La vérité et la compréhension sont les deux principaux ingrédients qui mèneront à la guérison et à la réconciliation ». 1

Peter Irniq est né en 1947 à Naujaat/Repulse Bay, dans le territoire maintenant appelé Nunavut, dans l'Arctique. En 1958, après que le gouvernement eut décidé de s'occuper de l'éducation des Inuits , M. Irniq est entré à l’école de jour  fédérale Sir Joseph Bernier à Chesterfield Inlet. De 1963 à 1964, il a fréquenté l’école Sir John Franklin à Yellowknife et, ensuite, il a été envoyé au Churchill Vocational Centre au Manitoba pour apprendre les métiers du « sud ». M. Irniq est ensuite devenu enseignant, activiste et leader politique responsable de l'introduction de la langue inuite et des programmes culturels dans les écoles du Nord. Dans l'extrait ci-dessous, M. Irniq explique pourquoi il pense qu'il est important de révéler la vérité sur l'expérience des élèves autochtones  dans les pensionnats.

Quand j'étais jeune... J’avais très honte de ma propre culture. J’avais très honte de ma culture parce que c’est de cette façon que nous avons été élevés par le colonialisme du gouvernement canadien dans nos communautés. On riait toujours de nous parce que nous vivions dans des igloos. On riait de nous parce que nous portions des vêtements en peaux de caribou et parce que, traditionnellement, les Inuits se donnent un baiser avec le nez. C’est comme ça que la société nous voyait à cette époque, et les gens se moquaient de ces choses... J’ai toujours maintenu que les Canadiens du sud avaient le droit de savoir ce que nous avions subi dans les pensionnats autochtones. Les fournisseurs de soins de santé ont le droit de savoir ce que nous avons subi dans les pensionnats autochtones. Voyez-vous, les Inuits de ma génération ont enduré pas mal de choses à cause du système de pensionnats. Nous avons été sexuellement, physiquement et mentalement agressés.

Les Canadiens devraient poser plus de questions sur ce qui nous est arrivé dans les divers pensionnats partout au Canada. C’est là-dessus qu’ils devraient poser des questions. Ils devraient s’intéresser davantage à ces Inuits qui sont passés de leur igloo au four micro-ondes en moins de quarante-cinq ans. C’est ce qu’ils devraient vouloir savoir à notre sujet, au sujet des expériences au pensionnat, des séquelles des pensionnats canadiens pour les Inuits et les Autochtones.

Au cours des dernières années, j’ai dit à mes compatriotes Inuits qu’ils devraient parler de ces choses; ils devraient parler davantage de leurs expériences dans les pensionnats. Ça fera partie de l’histoire, de l’histoire canadienne, surtout celle des Inuits. Malgré que nous ayons été victimes de violence aux mains de membres de l’Église à cette époque, nous n’en voulons pas aux gens qui nous fait ces choses. Nous avons eu honte. J’en ai eu honte... Nous voulons nous assurer qu’à l’avenir, ces choses-là n’arriveront plus jamais à des jeunes, à des petits enfants. Nous n’en voulons pas à ces gens, mais nous voulons faire en sorte que ces choses n’arrivent plus jamais à des jeunes, à des petits enfants, plus jamais. Jamais! 2

Questions de mise en relation

  1. Un rapport de l'organisme Human Rights Watch sur le besoin de vérité et de réconciliation en Afrique du Sud dit ceci : « pour qu’un pays s’accommode de son passé et qu’il réussisse à se tourner vers l’avenir, il est essentiel que la vérité liée à son passé soit officiellement établie. Il est impossible d’anticiper la “réconciliation” si une partie de la population refuse d’accepter qu’il y a déjà eu des torts causés et si l’autre partie n’a jamais obtenu la reconnaissance des préjudices ou des souffrances qu’elle a subis ou n’a jamais obtenu d’admission de la part des auteurs de la responsabilité première de ses souffrances ». 3  Selon vous, pourquoi le rapport met-il l'accent sur le fait qu'une société qui cherche à avancer doit d'abord établir la vérité sur le passé? Quelle est la relation entre la vérité et la justice?
  2. Pendant de nombreuses années, Peter Irniq a eu honte de sa langue et de sa culture inuites. Qu'a-t-il fait pour « récupérer sa culture »?
  3. M. Irniq croit fermement que les Canadiens ont le « droit de savoir » la vérité sur les pensionnats. Après avoir lu sa réflexion, selon M. Irniq, qu'est-ce que les Canadiens apprendront en s'informant sur les pensionnats? Quelles seront les conséquences de ce savoir sur l'avenir?
  4. Dans quelle mesure est-il important que les citoyens connaissent la vérité sur le passé de leur nation? Pourquoi certaines personnes résistent-elles aux efforts pour révéler la vérité sur des périodes difficiles de l'histoire?
  • 1Garnet Angeconeb, « Clamer ma vérité : un cheminement vers la réconciliation », dans Clamer ma vérité : réflexions sur la réconciliation et le pensionnat, disponible sur le site Web Speaking My Truth . Reproduit avec l'autorisation de la Fondation autochtone de guérison.
  • InuitsLe terme Inuit fait référence au sens large aux Peuples Autochtones de l'Alaska, du Canada et du Groenland. Inuit signifie « gens », « humains » ou « personnes » et la langue parlée dans l'Arctique canadien est l'Inuktitut. Pendant des siècles, ces communautés se sont appuyées sur leurs ressources naturelles, leurs dirigeants forts, des outils novateurs et leurs aptitudes pour survivre dans l'Arctique. Aujourd'hui, les communautés inuites du Canada vivent dans l'Inuit Nunangat, la patrie des Inuits, et la région est divisée en quatre territoires.
  • l’école de jourEn plus des pensionnats et des écoles industrielles, les écoles de jour faisaient partie du système de pensionnats pour les enfants autochtones au Canada. Souvent situées sur les réserves, ces écoles ont accueilli environ les deux tiers des élèves autochtones tout au long de l'histoire du système. Elles étaient dirigées par les autorités municipales et les églises, et elles visaient les mêmes buts que les pensionnats autochtones, soit la christianisation et l'assimilation. De nombreux problèmes et abus relevés dans les pensionnats étaient également le lot des écoles de jour.
  • autochtonesTerme dont l'étymologie est liée au terme latin du milieu du dix-septième siècle aborigines, qui signifie « premiers habitants ». Autochtone est le terme juridique privilégié au Canada pour le grand groupe diversifié des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
  • 2« Peter Irniq, « Nous étions si loin : L'expérience des Inuits dans les pensionnats, site Web de la Fondation autochtone de l'espoir. Reproduit avec l'autorisation de la Fondation autochtone de l'espoir.
  • 3Lettre au président de Klerk dans Accounting for the Past: The Lessons for South Africa from Latin America, Site Web d'Human Rights Watch. Cité dans Brian Rice et Anna Snyder, « Réconciliation dans le contexte d’une société colonisatrice » dans Clamer ma vérité. Reproduit avec l'autorisation de la Fondation autochtone de guérison.

How to Cite This Reading

Facing History & Ourselves, "Peut-il y avoir justice sans vérité?," last updated October 29, 2019.

You might also be interested in…

Most teachers are willing to tackle the difficult topics, but we need the tools.
— Gabriela Calderon-Espinal, Bay Shore, NY